Après cette petite balade à Oplontis et Herculaneum, vous vous attendiez forcément à un billet sur Pompeii. En préambule, sachez que le nom Pompeii est celui de la ville romaine en latin. La ville nouvelle s’appelle aujourd’hui Pompei ou Pompéi en français. Fidèle à mes habitudes, je préfère utiliser la graphie latine Pompeii.
Pompeii est probablement l’une des cités antiques les plus connues, aussi bien du grand public par la culture populaire que des historiens et des archéologues. Parce que Pompeii, c’est un héritage unique et une préservation deux fois millénaire d’une ville romaine telle qu’elle était au Ier siècle. Pompeii, c’est aussi et surtout une relation à l’origine fructueuse mais à l’épilogue tragique avec son voisin, le Vésuve.
Pour les habitants de Pompeii, le Vésuve était la Montagne. La volcanologie était à l’époque une science quasi inconnue et les éruptions passées, selon les auteurs grecs, furent des manifestations divines. Surtout, personne ne connaissait la véritable nature de la Montagne. Certains contemporains du Ier siècle prétendent que le Vésuve était couvert de jardins et de vignes, à l’exception de son sommet sec et aride, ce qui est confirmé par les volcanologues aujourd’hui. A l’époque, le sommet était le mont Somma. Il était plat et encercle aujourd’hui le cratère de l’actuel volcan. Qui pouvait penser que la Montagne était en fait un volcan endormi ? Personne. Les habitations se sont donc répandu tout autour du mont fertile qui a permis à Pompeii d’avoir une agriculture et surtout des vignes florissantes. Autrement dit, le Vésuve a aidé Pompeii à se développer. Au passage, aujourd’hui, tout le monde connaît la dangerosité du Vésuve et cela n’a pas empêché de développer l’une des plus importantes agglomérations européennes autour de lui. Dans la vidéo, je dis d’ailleurs 3 millions d’habitants mais c’est plutôt 4,5 !
Lorsqu’il est entré en éruption, le Vésuve a détruit tout ce qu’il y avait autour de lui. A jamais. En arrivant sur les lieux, je n’avais jamais approché un volcan et encore moins grimpé à son sommet. Il était temps ! J’ai été très impressionné, au point de faire de nombreuses recherches sur le sujet. L’objectif était de comprendre, de connaître les éruptions majeures qui ont marqué l’Histoire et de me confirmer une pensée évasive disant que l’éruption volcanique est de loin la catastrophe naturelle la plus dangereuse et la plus destructrice. En elle-même, l’éruption de 79 était puissante mais d’autres l’ont surpassée. Pour vous donner une idée, ce serait un séisme de magnitude 7,5. Pourtant, cette éruption a marqué l’histoire à jamais, a mis brutalement probablement fin à des dizaines de milliers de vies et nous aura laissé les vestiges historiques les plus authentiques et les plus émouvants. Comme l’article précédent, n’oubliez pas de regarder mes vidéos tournées sur place avant de lire : voici celle sur Pompeii et celle sur le Vésuve. L’ordre chronologique est inversé dans ce récit puisque je commence par le volcan. Vous avez vu les vidéos ? Place à la lecture !
Le Vésuve
Une fois n’est pas coutume, je vais consacrer un paragraphe à une belle colline ! Mais elle le mérite amplement. Je suis sûr que beaucoup d’entre vous ne sont jamais grimpés sur un volcan donc ces petits conseils ne seront pas vains ! Voici à quoi ressemble le cratère d’un volcan dormant mais en activité.
Brève présentation du volcan pour commencer, faisons un peu de géologie ! Le Vésuve (Vesuvio en italien, Vesuvius en latin et en anglais) est un stratovolcan. Pour simplifier très grossièrement, ses stades éruptifs sont marqués par des coulées de lave et/ou l’émission de particules volcaniques. Aussi certains stratovolcans sont de type explosif, générant une éjection importante de matières volcaniques dans l’atmosphère, à une vitesse et surtout une température insupportables pour tout être vivant. Le Vésuve est un volcan de type explosif.
Comment visiter le Vésuve ? Sachez en préambule que le volcan est situé au sein du Parc national du même nom et qu’il est donc protégé. Cela aura une conséquence sur le coût et j’y reviendrai. Ensuite, pour moi, il est indispensable d’y aller avec un beau soleil pour admirer la vue sur la baie de Naples et plutôt en matinée.
Vous pouvez visiter le Vésuve de plusieurs manières, en transport public ou privé. Les options sont nombreuses. Si vous avez loué une voiture pour visiter la région, ignorez ce paragraphe. Pour les autres, vous pouvez prendre la navette Vesuvio Express à la station Ercolano Scavi et il me semble que le tarif est de 10 €. Il existe aussi un transport public (EAV), 2 fois moins cher (5 €) , partant cette fois-ci de Pompéi. Vous pouvez monter dans le bus depuis la ville nouvelle de Pompei ou à l’entrée principale des ruines. Je vous donne les prix du mois de février mais il y a peut-être une différence avec l’été, je vous laisse le soin de vérifier. J’ai pris la dernière option parce que le bus vous amène jusqu’au parking du volcan en un peu moins d’une heure. Attention, les bus ne passent pas toutes les 2 minutes comme la ligne 4 du métro parisien ! C’est 1 bus par heure en février, probablement plus en haute saison, donc notez bien les horaires. En général, ils sont à l’heure.
La route est spectaculaire et tortueuse. Si vous n’aimez pas les routes de montagne, vous allez être ravi, surtout dans un bus ! Un peu avant le parking, vous pénétrez dans le Parc national et vous devez vous acquitter d’un ticket à 10 € pour pouvoir grimper. Le bus s’y arrête pour vous, ne tracassez pas pour trouver la maison en bois. Si vous montez seul en voiture, dans le dernier virage vers la droite, la maison se trouve à l’angle extérieur. Sans ce ticket, on ne vous laissera pas passer donc n’y rechignez pas.
La montée à pied se fait tranquillement en 30 minutes. Quand je dis tranquillement, c’est pour dire que l’on marche lentement… mais c’est loin d’être reposant ! La pente est très rude, probablement de l’ordre de 20 %, et, si le chemin est aménagé, prenez quand même de bonnes chaussures. Mais que c’est beau ! Vous voyez au loin Naples se découvrir et vous voyez les coulées de lave de l’éruption de 1944 bien visibles sur les pentes du volcan.
Après cette demi-heure sportive, j’arrive sur le cratère. Quelle première impression ! Le volcan est toujours fumant. Comme je le dis sur la vidéo, il est considéré comme endormi, non pas éteint. Ainsi, il est toujours en activité. La vue est magnifique, qu’elle soit dirigée vers le cratère ou vers la baie de Naples. Profitez de ce moment, faites le tour, admirez, ressourcez-vous. Voici une ébauche des photos que j’ai prises, la lumière n’ayant pas été exceptionnelle ce jour-là malheureusement. Les fumerolles sont en général composés de soufre et de ses dérivés comme le dioxyde de soufre, et de vapeur d’eau.
Pompeii
La ville au destin tragique. C’est ainsi qu’est connue Pompeii, cité riche et prospère de l’Empire romain, dévastée comme les autres par l’éruption de l’an 79. Pourquoi Pompeii est de très loin la plus connue ? Parce qu’elle est restée rayée de la mémoire humaine pendant 1600 avant sa redécouverte en 1592. Parce que son témoignage est unique et authentique et parce qu’elle est juste impressionnante.
Pompeii est une histoire incroyable : en 1592, un canal fut creusé pour dévier le fleuve Salerno et des vestiges (pièces, inscriptions) ont été trouvés par l’architecte mais l’on a cru alors qu’il s’agissait de la villa de Pompée, homme d’Etat romain. Et les recherches furent abandonnées, pas seulement pour ces raisons mais tout raconter prendrait des pages. Au XVIIIème siècle, le roi de Naples (et non pas des Deux-Siciles comme je le dis dans la vidéo qui est un royaume du XIXème siècle) fit entreprendre des recherches plus approfondies après qu’il ait acquis une villa enrichie de statues de Pompeii découvertes par un comte amateur d’histoire. C’est finalement en 1763 que le nom de Pompeii est formellement identifié avec une inscription Res Publica Pompeianorum. Les fouilles ont continué jusqu’au XXème siècle, avec une étude scientifique des corps retrouvés sur les lieux. Malheureusement, la protection du site n’a pas été la priorité et certaines pratiques l’ont abîmé. Sa préservation est aujourd’hui en jeu.
Pompeii doit être votre seule visite de la journée ! Ne vous pensez pas plus rapide que la moyenne. Si vous avez une petite possibilité de combiner avec Oplontis en été, soyez quand même présent à l’ouverture pour visiter Pompeii. Je l’ai dit et répété dans la vidéo, le site est une véritable ville ! C’est immense et vous n’avez pas le temps de voir la moitié en 2 heures, même en marchant vite. Je n’ai pas pu aller voir la Villa Dei Misteri et je le regrette encore aujourd’hui ! Pompeii, c’est 5 à 7 heures de visite selon votre vitesse de marche et les pauses. Si vous y allez en hiver ou, plus largement, hors saison, attendez-vous à voir des accès fermés. Pour ma part, le temple de Jupiter était inaccessible et visible derrière une grille… Pas si grave pour les yeux mais impossible d’obtenir une belle photo. Dans la conclusion de ce récit, vous verrez que je regrette profondément ma visite de Pompeii… et je vous dirai pourquoi !
Il y a plusieurs entrées mais je vous conseille de prendre la principale, située à proximité de la station du Circumvesuviana Pompei Scavi. Attention, le Scavi est important, il y a aussi une station Pompei qui vous amène à la ville nouvelle où il n’y a rien à voir. Par contre, ce n’est pas idiot d’y dormir car vous quitterez le site archéologique par la sortie de l’amphithéâtre situé dans la ville nouvelle. Voici la première vue de Pompeii. Vous vous rappelez de la taille d’Herculaneum ? Vous avez l’impression que c’est la même chose sur la photo ci-dessous ? Eh bien Pompeii est 20 fois plus grande ! Au premier plan, en bas, on aperçoit des thermes de la ville.
A Pompeii, je vous conseille de prendre les petites cartes distribuées à l’entrée et de suivre un itinéraire que l’on se définit nous-mêmes. Visitez en sachant où vous êtes exactement et ce qui se trouvait à cet endroit il y a 2000 ans. C’est important pour se plonger entièrement dans la ville telle qu’elle était à l’époque. A Pompeii, vous trouverez tout en plus grand qu’à Herculaneum. Certes, peut-être que certains petits détails sont absents, comme les étages des maisons, mais ce n’est pas bien grave. Dans la vidéo sur Herculaneum, je fais comprendre que les détails sont encore plus présents là-bas. C’est faux, c’est simplement que j’ai visité Pompeii trop vite car arrivé trop tard en hiver, un peu avant 14h.
Pour simplifier, il y a 4 grands édifices qui sont aisés à repérer : la basilique, le forum, le grand théâtre et l’amphithéâtre. Normalement, vous les visiterez dans cet ordre. Attention, il se peut que certains lieux soient fermés au public pour restauration mais il est difficile de savoir lesquels avant d’arriver. Par exemple, dans mon cas, la nécropole était fermée, ce qui est bien dommage. Voici par exemple la basilique (1ère photo) et le forum (2ème photo), où vous remarquerez des statues modernes qui, c’est une opinion personnelle, n’ont rien à faire ici.
Quand vous marcherez dans les rues de Pompeii, vous marcherez réellement comme si vous étiez dans la ville antique, avec les passages piétons en pierre ! Bien-sûr, la cité a fait l’objet de nombreuses restaurations, peut-être même un peu trop avec ces statues. Certaines pierres issues des « passages piétons » ont été enlevées au siècle dernier, comme le montre la 1ère photo. Sur la seconde, on aperçoit les maisons réparties de manière égale des deux côtés du trottoir.
Ci-dessous, vous trouverez le Grand Théâtre de Pompeii. Construit au IIème siècle avant notre ère, il pouvait accueillir 5000 spectateurs avant sa destruction. Des concerts sont parfois organisés dans son enceinte, ce qui n’est pas vraiment bon pour la conservation de l’édifice… La 2ème photo nous montre le quadriporticum qui était, pour simplifier, les coulisses du théâtre. Une nouvelle fois, un soleil d’hiver dominait, ce qui altère la qualité des photos.
Juste derrière le grand théâtre, vous pourrez admirer le temple d’Isis. Cet édifice religieux est l’un des mieux conservés du monde romain car sa structure est encore facilement reconnaissable. Une photo avec le soleil d’hiver et un ciel blanc de face malheureusement.
Voici également une boulangerie avec les mêmes meules qu’à Herculaneum.
A Pompeii, il y a bien entendu de nombreuses fresques formidablement conservées. Hiver oblige, la plupart était inaccessible ou en restauration. En voici deux exemples.
Enfin, et j’en ai fini avec le petit descriptif, voici l’amphithéâtre dans lequel je me trouve sur la vidéo. Il fut construit au Ier siècle avant notre ère et son extérieur est d’une conservation rarement égalée. Il est de temps en temps également utilisé pour des concerts.
Pompeii, c’est aussi se balader dans la ville et découvrir des lieux, sans forcément savoir à quoi correspondent les vestiges encore debout. La première photo représente probablement un temple. La seconde, je n’en ai pas la moindre idée, peut-être le jardin d’une grande maison. La troisième est la salle chaude de l’un des nombreux thermes de la ville.
Pour terminer, bien que la nécropole était inaccessible, un malheureux habitant piégé par les cendres était néanmoins visible. Une technique a permis de révéler la forme des corps figés des habitants pris par les cendres dont je vous passe les détails techniques. Beaucoup d’entre eux se trouvent au musée archéologique de Naples. Les récipients sont des amphores. Ils permettaient de transporter toute sorte de liquide (eau, huile d’olive, vin, bière…).
A Pompeii, on marche sur les mêmes trottoirs que les habitants de l’époque, sur les même routes étroites. Chaque maison a son histoire et son propriétaire dont la majorité sont inconnus. On ne s’ennuie jamais dans ce lieu magique et il n’est pas rare que certains arrivent à l’ouverture et partent à la fermeture. Donc profitez vraiment et prévoyez un casse-croûte pour le déjeuner ! Des robinets d’eau potable sont présents partout donc ne vous inquiétez pas si vous avez oublié votre bouteille d’eau.
Pompeii reste pour moi une grande déception. Non pas parce que je n’ai pas aimé, bien au contraire. Non pas parce que ce n’est pas intéressant, que diable ! La raison, c’est moi. Nous avons combiné la journée avec le Vésuve tôt le matin et Pompeii en tout début d’après-midi. Je suis déçu d’avoir aussi peu vu, d’être arrivé trop tard, d’avoir marché trop vite. La saison n’était pas non plus la meilleure et la qualité des photos s’en ressent. Des lieux étaient aussi inaccessibles. C’est en écrivant ce billet que je peste sur ma turpitude ! A coup sûr, je retournerai à Pompeii pour y passer une journée entière. Pour encore plus apprendre, comprendre, admirer, contempler et s’émouvoir devant cette ville martyre, détruite par la nature. Pompeii est un site merveilleux, qui mérite une attention particulière. Il est vital que ce site soit protégé bien plus qu’il ne l’est aujourd’hui.
Pour aller plus loin :
- S. COMPOINT et A. BARBET, « Les cités enfouies du Vésuve : Pompéi, Herculanum, Stabies et autres », Fayard, 1999 : j’ai souhaité placé l’ouvrage le plus complet sous cet article. Il vous raconte parfaitement, avec un beau récit et de belles illustrations, l’histoire du Vésuve et des villes détruites en l’an 79. Une mine d’or pour les passionnés et même pour les moins passionnés.
- J-M. BARDINTZEFF, « Volcanologie », Dunod, 2011 : si certains se sont épris pour la volcanologie, voici un excellent livre sur cette science passionnante !
- M. BEARD, « Pompéi : la vie d’une cité romaine », Seuil, 2012 : le livre le plus complet et le mieux documenté (avec le dernier de la liste) sur Pompeii. Son histoire, sa vie locale, sa société, les nuances apportées à certaines idées reçues. L’ouvrage se lit comme un roman. Si vous ne devez avoir qu’un seul livre d’histoire dans votre bibliothèque, ce serait celui-ci.
- R. HARRIS, « Pompéi », Plon, 2005 : voici un vrai roman ! L’histoire se déroule à Pompei peu avant et pendant l’eruption. Elle présente Attilius, ingénieur d’eau qui se pose des questions sur les étranges odeurs de soufre autour de l’aqueduc de la ville…
- S. MIRZA, « A Pompéi sous l’Empire romain : Flavia, Pompéi, an 79 », Gallimard Jeunesse, 2007 : comme le précédent, c’est une fiction se déroulant à Pompéi… mais pour les enfants, petits et grands !
- J-N. ROBERT, « Pompéi et la Campanie antique », Les Belles Lettres, 2015 : on termine par un autre ouvrage à comparer avec celui de M. BEARD mais moins connu. On touche aussi à la perfection sur Pompeii avec récits, photos, illustrations et plans.
Stalmans
Et bien objectif atteint : envie d’y retourner ! Agréable récit historique et pragmatique@@@
Benjamin
Merci beaucoup !